• O mon maître,


    Ne me prends pas pour exclave,
    Car j'ai en moi le goût de la liberté.

     


    ...Ne cherche pas à deviner mes secrets,
    Car j'ai en moi le goût du mystère.

    Ne me contrains pas aux caresses,
    Car j'ai en moi le goût de la pudeur.

    Ne m'humilie pas,
    Car j'ai en moi le goût de la fierté.

     

    Ne m'abandonne pas,
    Car j'ai en moi le goût de la fidélité.

    Sache m'aimer et je saurai t'aimer,
    Car j'ai en moi le goût de l'amitié...


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  • Les passantes
    Extrait Des Emotions poétiques

    Par Antoine Pol


    Je veux dédier ce poème
    A toutes les femmes qu'on aime
    Pendant quelques instants secrets
    A celles qu'on connaît à peine
    Qu'un destin différent entraîne
    Et qu'on ne retrouve jamais

    A celle qu'on voit apparaître
    Une seconde à sa fenêtre
    Et qui, preste, s'évanouit
    Mais dont la svelte silhouette
    Est si gracieuse et fluette
    Qu'on en demeure épanoui

    A la compagne de voyage
    Dont les yeux, charmant paysage
    Font paraître court le chemin
    Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
    Et qu'on laisse pourtant descendre
    Sans avoir effleuré sa main

    A la fine et souple valseuse
    Qui vous sembla triste et nerveuse
    Par une nuit de carnaval
    Qui voulut rester inconnue
    Et qui n'est jamais revenue
    Tournoyer dans un autre bal

    A celles qui sont déjà prises
    Et qui, vivant des heures grises
    Près d'un être trop différent
    Vous ont, inutile folie,
    Laissé voir la mélancolie
    D'un avenir désespérant

    A ces timides amoureuses
    Qui restèrent silencieuses
    Et portent encor votre deuil
    A celles qui s'en sont allées
    Loin de vous, tristes esseulées
    Victimes d'un stupide orgueil.

    Chères images aperçues
    Espérances d'un jour déçues
    Vous serez dans l'oubli demain
    Pour peu que le bonheur survienne
    Il est rare qu'on se souvienne
    Des épisodes du chemin

    Mais si l'on a manqué sa vie
    On songe avec un peu d'envie
    A tous ces bonheurs entrevus
    Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
    Aux coeurs qui doivent vous attendre
    Aux yeux qu'on n'a jamais revus

    Alors, aux soirs de lassitude
    Tout en peuplant sa solitude
    Des fantômes du souvenir
    On pleure les lèvres absentes
    De toutes ces belles passantes
    Que l'on n'a pas su retenir



    1888-1971 Antoine Pol est né à Douai le 23 août 1888 et est mort à Seine Port le 21 juin 1971. Antoine Pol a combattu pendant la guerre de 14-18 comme Capitaine d'artillerie. A la fin de la guerre il est entré au service des Mines de La Houve à Strasbourg en 1919. Puis a la fin de la seconde guerre mondiale il devient président du Syndicat Central des importateurs de charbon de France. I pris sa retraite en 1959 pour s'adonner à l'une de ses grandes passions : la poésie. Ses Oeuvres principales sont Emotions poétiques-1918, Le livre de maman-1924, Destins-1941, Plaisirs d'amour-1947, Croquis-1970 et Coktails-1971. Ce poème a été mis en musique et chanté par George Brasens un an après la mort du poète.


     


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  •                                                                                                    Un beau ciel de novembre aux clartés automnales
    Baignait de ses tiédeurs les vallons vaporeux ;
    Les feux du jour buvaient les gouttes matinales
    Qui scintillaient dans l’herbe au bord des champs pierreux.

    Les coteaux de Lormont, où s’effeuillaient les vignes,
    Étageaient leurs versants jaunis sous le ciel clair ;
    Vers l’orient fuyaient et se perdaient leurs lignes
    En des lointains profonds et bleus comme la mer.

    Lente et faible, la brise avait des plaintes douces
    En passant sous les bois à demi dépouillés ;
    L’une après l’une au vent tombaient les feuilles rousses,
    Elles tombaient sans bruit sur les gazons mouillés.

    Hélas ! plus d’hirondelles au toit brun des chaumières,
    Plus de vol printanier égayant l’horizon ;
    Dans l’air pâle, émanant ses tranquilles lumières,
    Rayonnait l’astre d’or de l’arrière-saison.

    La terre pacifique, aux rêveuses mollesses,
    Après l’âpre labeur des étés florissants,
    Semblait goûter, pareille aux sereines vieillesses,
    Les tièdes voluptés des soleils finissants.

    Avant les froids prochains, antique Nourricière,
    Repose-toi, souris à tes champs moissonnés !
    Heureux qui, l’âme en paix au bout de sa carrière,
    Peut comme toi sourire à ses jours terminés !

    Mais nous, rimeurs chétifs, aux pauvretés superbes,
    De nos vertes saisons, hélas ! qu’avons-nous fait ?
    Qui peut dire entre nous, pesant ses lourdes gerbes :
    « Mourons ! mon œuvre est mûre et mon cœur satisfait ! »

     

     

    Jouets du rythme, esprits sans boussole et sans force,
    Dans ses néants la forme égara nos ferveurs ;
    Du vrai, du grand, du beau nous n’aimions que l’écorce ;
    Nous avons tout du fruit, tout, hormis les saveurs !

    En nombres d’or rimant l’amour et ses délires,
    Nous n’avons rien senti, nous avons tout chanté.
    Vides sont les accords qu’ont exhalé nos lyres !
    Vide est le fruit d’orgueil que notre arbre a porté !

    Tombez, tombez, tombez, feuilles silencieuses,
    Fleurs séniles, rameaux aux espoirs avortés !
    Fermez-vous sans écho, lèvres mélodieuses !
    Endormons-nous muets dans nos stérilités !

    Plus de retours amers ! trêve aux jactantes vaines !…
    Oui, la Muse eût voulu des astres plus cléments !
    Un sang pauvre et le doute, hélas ! glaçaient nos veines :
    Nous sommes de moitié dans nos avortements.

    Il faisait froid au ciel quand nous vînmes au monde,
    La sève était tarie où puisaient les aïeux.
    Résignons-nous, enfants d’une époque inféconde :
    Nous mourons tout entiers, nous qui vivons sans dieux !

    O dureté des temps ! ô têtes condamnées !
    Fiers espoirs d’où la nuit et l’oubli seuls naîtront !
    Eh bien, soit ! — Acceptons, amis, nos destinées :
    Sans haine effaçons-nous devant ceux qui viendront !

    Succédez-nous, croissez, races neuves et fortes !
    Mais nous, dont vous vivrez, nous voulons vous bénir.
    Plongez vos pieds d’airain dans nos racines mortes !
    D’un feuillage splendide ombragez l’avenir !

    Et vous, ferments sacrés des époques prospères,
    Foi, liberté, soleil, trésors inépuisés,
    Donnez à nos vainqueurs, oublieux de leurs pères,
    Tous les biens qu’aux vaincus la vie a refusés !

    Auguste Lacaussade, Les Automnales (1876)

     


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  • Chipounette a quarante-deux ans. C'est une jeune sorcière. Elle habite dans un vieux bateau échoué au bord de la mer : le Fantôme Voilé.

    Toute la journée, elle se promène sur son balai dans le ciel, et, la nuit, elle visite Crapoute la chauve-souris dans la cave abandonnée de la vieille maison, Moustache, le gros rat dans la grotte Mouillette et Vumon, le petit chat noir qui vit dans une tour toute ruinée au fond de la forêt.

    Ce matin, elle se balade sur TGV, son vieux balai tout râpé.

    Tout à coup, un nuage la cache. Arrivée au bout du nuage, elle tourne pour changer de chemin et un avion arrive en face !

    Le pilote n'a pas vu Chipounette et lui rentre dedans... ACCIDENT DE BALAI !

    Elle tombe sur un gros nuage blanc qui devient rouge parce qu'elle saigne. Le pilote de l'avion appelle les secours. Ils refusent de venir sauver une sorcière !

    "Qu'est-ce que je vais faire ?" se dit la sorcière.

    Elle réfléchit pendant cinq minutes tout en suçant son sang pour ne pas le perdre.

    UNE IDEE !

    "Je vais appeler les amis de Crapoute la chauve-souris, les copains de Moustache le gros rat et les potes de Vumon le petit chat noir. "

    Mais il lui faut un portable ! Elle cherche partout et trouve enfin le portable du pilote, lancé sur le nuage au moment où il repassait par là.

    " Allo ? J'ai eu un accident. Venez vite me sauver parce que je perds mon sang... AhAhAh..."

    Crapoute et ses amies partent chercher Moustache et ses copains, Vumon et ses potes. Tous arrivent au trampoline du Parc d'Attractions.

    Ils sautent de plus en plus haut et atterrissent enfin sur le nuage de Chipounette.

    Les chauve-souris trempent le bras en sang de Chipounette avec leur salive verte : l'hémorragie s'arrête !

    Chipounette a le fémur droit cassé. Les rats lui installent des broches et la recousent. Les chats prennent un gros bout de nuage blanc et rebouchent le gros trou de son menton.

    Guérie, Chipounette se met à chanter un air de rock : "Meeeeets... le feu ! Meeeeets ... de l'eau... Allumeeeeez ... vos vers luiiiiiisants...."

    Tout redevient alors normal : elle se retrouve, dans son vieux bateau, avec tous ses amis...

    ...Et ils font la fête toute la nuit !

     


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