Poème de Jack Harris, sur une musique de Daniel Donadi

Le voici, à nouveau, ce vieux loup solitaire
Qui, las de ses errances, arrête son chemin
Pour jouir un court instant d'un refuge précaire
Et regagner la paix dont il a grand besoin.

Car il est fatigué de ses courses lointaines
Où il dut traverser rivières et vallons,
Marchant dans les sous-bois et courant dans les plaines
Avec la faim au ventre et la robe en haillons.

Pourchassé sans répit par les hommes en émeute
Il ressent la misère, affreux fardeau pesant.
Mais !... Pourquoi tant de haine agite cette meute ?
Dit-il en son esprit, ce monde est répugnant !...

C'est le cœur douloureux qu'il lance vers le ciel,
Tel un cri déchirant, une plainte sublime
Pour invoquer des cieux la main de l'Eternel,
Mais l'écho de sa voix s'étouffe dans l'abîme.

Je suis semblable à toi, ô ! vieux loup solitaire
Car, poète, je suis maudit et rejeté ;
Mon chant de désespoir n'atteint pas la frontière
Qui fait de l'homme avide un être de bonté.

Extrait de l'ouvrage de Jack Harris : "Le loup solitaire"